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  • : L'Amicale des Gadiris et du Souss
  • : L'association dite l’Amicale des Gadiris et du Souss fondée le 13 juin 2010, à Gradignan, a pour but de s’entraider, de se réunir entre amis, d’organiser des repas et sorties, d’éditer un bulletin.
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11 avril 2025 5 11 /04 /avril /2025 06:53

 

Le sud-ouest marocain est affecté par le manque de pluie. Alors pour fournir en eau certains villageois, des filets spéciaux ont été posés dans la montagne qui récupèrent l’eau des brumes.

 

A mesure que l’on s’approche de Sidi Ifni par la route qui serpente entre l’Atlantique d’un côté et les reliefs de l’Anti-Atlas de l’autre, des panneaux singuliers émergent : «Attention brouillard fréquent». Un jour sur trois environ, dans la région, le ciel se couvre en effet d’un voile bas et gris, tirant parfois vers le blanc.

 

Un phénomène météorologique que l’on retrouve sur une partie de la côte atlantique marocaine, essentiellement entre Essaouira et Sidi Ifni, en raison de l’influence conjuguée de l’anticyclone des Açores et du courant des Canaries qui provoquent une forte humidité atmosphérique, laquelle se condense au contact des chaînes montagneuses à l’air plus frais que celui de la côte. Là, au sommet du mont Boutmezguida, 1 225 mètres d’altitude, des dizaines de mystérieux panneaux rectangulaires tendus de filets métalliques aux mailles en forme de goutte inversée (extrémité pointue orientée vers le bas) semblent vouloir attraper le brouillard.

 

La région n’a pas connu de vraie pluie depuis plus de quatre ans

 

Quatre ans, la région n’a pas connu de vraie pluie. Adossées à la chaîne de l’Anti-Atlas, balayées par le chergui, le vent sec venant du Sahara, les collines du territoire des berbères Aït Baâmrane, qui s’étend dans le sud-ouest du Maroc aux environs du port de pêche de Sidi Ifni, sont rongées par le manque d’eau Et c’est exactement ce qu’ils font. Ce dispositif vient compenser le fait que depuis plus de. Privés de fleurs et de fruits, des figuiers de barbarie se contorsionnent, desséchés. La pénurie d’eau affecte tout le pays mais elle est encore plus criante dans les régions méridionales.

 

Récupérer l’eau atmosphérique est essentiel

 

Dans certaines régions du monde, obtenir de l’eau pour la consommation ou l’irrigation est plus qu’un défi : il n’y tombe pas de pluie ou trop peu, et les nappes phréatiques sont à sec. Et on n’y trouve pas de source ou relief permettant de créer des retenues, et pas non plus de sols argileux autorisant la fabrication de réservoirs. Dans ces cas extrêmes, récupérer l’eau atmosphérique est essentiel.

 

Le réservoir d'eau familial : un trou creusé dans le sol

 

Aux abords du petit village de Biougta, un jeune homme chevauche un âne harnaché de bidons vides sur les flancs. Ce dernier trotte dans la poussière ocre, en direction d’un puits, d’un réservoir, d’une citerne, de n’importe quel point où la terre n’a pas avalé la précieuse ressource. Saïd Baggaj, 47 ans, suit du regard sa trajectoire et se désole. «La vie sans eau… ce n’est pas possible», soupire-t-il en montrant son jardin tout sec. Un de ses voisins, Abdullah Ayech, 42 ans, reçoit dans sa maison en terre crue. À quelques mètres de la table de la petite salle à manger ouverte sur l’extérieur – où l’hôte sert le thé – se trouve le réservoir d’eau de la famille : un trou creusé dans le sol, couvert par une dalle de béton. On remonte le seau grâce à un système de poulies.

 

Trois générations vivent là : les grands-parents d’Abdullah, sa femme et son fils. «Nous ne prenons qu’une douche par semaine, ce qui représente au maximum 150 litres utilisés pour nous cinq», calcule le chef de famille. En comparaison, un Français consomme en moyenne la même quantité d’eau… par jour, selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie.

 

Les filets rapportent en moyenne 37 000 litres d’eau chaque jour

 

Entouré de volutes blanchâtres humidifiant légèrement ses vêtements, Mounir Abbar, le responsable du projet, montre les filets métalliques. «Le brouillard, poussé par le vent, s’y engouffre et les gouttelettes qu’il contient se condensent sur les mailles puis elles descendent jusqu’à une gouttière, dit-il. Il estime que le sommet est embrumé entre cent vingt et cent quarante jours par an mais qu’«avec le dérèglement climatique, le flux est moins régulier, il peut y avoir un grand pic de brouillard puis plus rien pendant un moment».

Lorsque la brume est au rendez-vous, les filets «moissonnent » tout de même, en moyenne, 37 000 litres d’eau chaque jour. Le liquide est stocké dans des réservoirs où il est filtré, puis distribué grâce à un système de canalisations de 42 kilomètres. Tout au long du circuit, l’eau de brouillard, qui, équivalant à de l’eau distillée, ne contient pas de sels minéraux, est mélangée à de l’eau extraite du sol par des pompes solaires pour qu’elle puisse être consommée.

 

À l’approche d’Id Achour, l’un des villages connectés au réseau, quelques mètres carrés verdoyants se détachent des multiples nuances ocre de la terre, du sable, de la poussière et des murs des casbahs. Il s’agit d’un petit verger composé de figuiers et d’oliviers, choyés par Moustapha Ouafegha, 38 ans. «Auparavant, la corvée d’eau prenait quatre ou cinq heures pour aller jusqu’au puits avec un âne et rapporter environ 60 litres au foyer», se rappelle-t-il. Maintenant, elle coule du robinet… Mais elle est payante. «C’est pour souligner qu’il faut protéger la ressource», explique Jamila Bargach. Les habitants paient sept dirhams par mètre cube d’eau (environ 65 centimes d’euro), en complément d’une redevance mensuelle de 10 dirhams (moins d’un euro). Un tarif à comparer au revenu mensuel moyen individuel en milieu rural au Maroc qui est de 1 300 dirhams (120 euros), d’après des chiffres officiels de 2019.

 

À vol d’oiseau, le sommet de Tabttist n’est qu’à quelques centaines de mètres de celui de Boutmezguida. Et c’est lui qui attire désormais l’attention des moissonneurs de brume. «Nous prévoyons d’y installer 5 000 m² de filets, explique Mounir Abbar. Le site est très prometteur car d’après les premières observations, à conditions égales, les filets de Tabttist récoltent 18 % d’eau en plus que ceux de Boutmezguida». Le dispositif gagne petit à petit du terrain… sans pour autant risquer de faire disparaître le fameux brouillard né de l’Atlantique, qui va continuer à nimber les paysages de montagne marocains. Pour le plus grand bonheur des petits mammifères et insectes qui, eux aussi, comptent sur lui pour s’abreuver.

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16 novembre 2024 6 16 /11 /novembre /2024 07:01
Mohammed Sadiki, ministre de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et forêts lors de l’inauguration du Salon.

Mohammed Sadiki, ministre de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et forêts lors de l’inauguration du Salon.

Placée sous le Haut patronage de S.M. le Roi Mohammed VI, la 3ème édition du Salon International de l’arganier, prévue du 8 au 12 mai courant à Agadir, entend mettre en lumière l’importance cruciale de cet arbre emblématique du Maroc face aux défis environnementaux actuels.

Inaugurée par Mohammed Sadiki, ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et forêts, en présence d’éminentes personnalités régionales et nationales, cette manifestation, qui se déroule en plein cœur de la Médina d’Agadir, se veut également une plateforme privilégiée d’échanges pour les acteurs de la filière. Objectif : renforcer les réseaux professionnels, tisser de nouveaux partenariats et explorer d’inédites opportunités de croissance pour une industrie, certes traditionnelle, mais qui se veut en pleine expansion.

Il faut dire que cet événement ne se contente pas de miser uniquement sur les aspects commerciaux de l’arganier. Aussi, il met en relief les principaux acteurs de la filière, notamment les femmes, dont le savoir-faire demeure fondamental dans la préservation et dans la transmission des techniques ancestrales de production de l’huile d’argan. Par ailleurs, leurs techniques contribuent à l’autonomisation économique des communautés locales, mais aussi à leur inclusion sociale.

Faut-il souligner que le Salon propose également des activités et des ateliers éducatifs et ludiques pour tous les visiteurs. Parmi eux, des visites guidées à travers les ruelles pittoresques de la Médina qui permettent de découvrir plus d’une centaine de coopératives et GIEs mettant en valeur le riche patrimoine culturel et naturel lié à l’arganier. De plus, des expositions interactives, installées mettent en lumière l’importance de préserver cet écosystème unique. Enfin, des espaces dédiés aux enfants, mêlant ateliers créatifs et contes traditionnels, sont spécialement conçus pour sensibiliser les plus jeunes à l’importance de préserver la biosphère de l’arganier.​​​​​​

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6 juin 2023 2 06 /06 /juin /2023 09:17
Les cochenilles ont décimé les plantations de cactus au Maroc.

Les cochenilles ont décimé les plantations de cactus au Maroc.

La lutte contre les cochenilles qui ont décimé les plantations de cactus se poursuit au Maroc. Après l’annonce, l’année dernière, de l’introduction de huit variétés résistantes à ces minuscules parasites, une autre solution éprouvée consiste à faire appel à des coccinelles prédatrices en provenance du Mexique. Se nourrissant uniquement de cochenilles, cet insecte est capable d’éradiquer ce ravageur en l’espace de cinq ans.

            Pour venir à bout des cochenilles qui ont envahi les plantations de cactus au Maroc, le mieux est de faire appel à leur ennemi naturel. Et cet ennemi a pour nom Hyperaspis trifurcata, qui est une coccinelle trident originaire du Mexique.

            À Agadir, une conférence de presse a été organisée, jeudi dernier, à l’initiative de la Fondation Dar Si Hmad pour faire la lumière sur cette nouvelle solution biologique imparable pour combattre la cochenille. En effet, nous apprend-on, trois espèces prédatrices de cochenilles ont été repérées en 2017 par des chercheurs de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) lors d’une mission exploratoire au Mexique. En 2022, les enseignements de cette mission seront exploités à l’occasion d’une expérience de lutte écologique intégrée contre la cochenille, dirigée par la Fondation Dar Si Hmad, avec le soutien du programme de microfinancement du Fonds pour l’environnement mondial (FEM). Expérience dont les résultats ont été très probants.

Les cochenilles éradiquées à 100%

            La Fondation Dar Si Hmad, avec le concours de l’INRA, avait importé un millier de coccinelles tridents pour les besoins de son expérience. Au terme d’une période de confinement strict de deux mois, les insectes ont été lâchés dans des serres et en plein champ sur le site de l’INRA à Agadir et dans la région d’Aït Baâmrane. Dans les deux cas, les résultats ont montré une élimination définitive de la cochenille dans un périmètre de 100 mètres, nous indique-t-on. Des lâchers ultérieurs ont été effectués sur plusieurs plantations de cactus, situées entre les zones montagneuses et la côte, pour évaluer la capacité de la coccinelle à s’acclimater et à se développer dans différents environnements. Il en est ressorti que la coccinelle se comporte de manière idéale partout, quel que soit le climat, souligne-t-on.

Une solution écologique et à moindre coût

            Le recours à Hyperaspis trifurcata est de 20 à 25% moins coûteux que les autres applications phytosanitaires. Un gain pouvant être encore plus conséquent si l’on met en place un élevage de masse, sans oublier les atouts liés à la préservation de l’écosystème. Les traitements phytosanitaires sont source de pollution pour les sols et de dégâts pour l’apiculture, rappelle-t-on. Il est estimé que, déployée à l’échelle nationale, cette solution naturelle de lutte contre la cochenille devrait permettre de reconstituer les cultures de cactus dans le Royaume en l’espace de cinq ans.

            *Il est à rappeler que la première apparition de la cochenille du cactus au Maroc remonte à 2014. La progression exponentielle des surfaces de figues de Barbarie endommagées par le ravageur a conduit, deux ans plus tard, en 2016, au lancement officiel d’un programme d’urgence de lutte contre ce parasite. À cette date, les dégâts étaient encore limités à quelques zones de Sidi Bennour et de la région de Zemamra.

            Mais en 2017, la cadence de propagation du fléau a pris de l’ampleur à l’échelle nationale, avec l’apparition de nouveaux foyers de contamination, notamment dans la région de Rehamna. Simultanément, des chercheurs marocains exploitaient les travaux de collecte d’écotypes de figues de Barbarie menés par l’INRA dans les années 1980 dans le but d’identifier des variétés résistantes capables de restaurer la filière de cactus. Ce travail a abouti à la sélection de 8 variétés de figues de Barbarie résistantes à la cochenille qui ont depuis été distribuées aux agriculteurs et aux cultivateurs.

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