Presentation

  • : L'Amicale des Gadiris et du Souss
  • : L'association dite l’Amicale des Gadiris et du Souss fondée le 13 juin 2010, à Gradignan, a pour but de s’entraider, de se réunir entre amis, d’organiser des repas et sorties, d’éditer un bulletin.
  • Contact
4 novembre 2012 7 04 /11 /novembre /2012 09:45

 

Qui se souvient qu’un jour…
Un pionnier devint un Gadiri dans l’âme…
 

 

Tu comprends notre obstination à découvrir ce passé. Nous portons la
mémoire des générations précédentes et si nous ne faisons pas une
transcription écrite de « non dit », nos enfants en porteront à leur tour ce
fardeau. Mais n’en profitons pas pour nettoyer aussi sous les tapis. Toutes
les familles ont, dit-on, un secret. Plus ou moins grave, plus ou moins bien
gardé. Très vite, remonte une mémoire familiale complexe, des amours
cachés, peut être, des exils, sûrement. Des parents qui n’ont rien dit pendant
un demi-siècle. Partons donc à la rencontre d’autres témoins directs ou
indirects, pour nous permettre de recomposer le passé. Au fond, il importe
peu de savoir ce qu’il en fut vraiment. Ce qui est attachant, c’est
l’exploration d’une vérité qui nous tient à coeur puisqu’il s’agit de nos
ancêtres. Grâce à quoi, enfin, les petits enfants renoueront avec le destin de
leurs grands parents, sans oublier ce passé, car une famille sans mémoire et
une famille sans futur.
Découverte peu à peu d’un épisode d’hier sur notre Famille PRADEL .
Pierre, Edouard, Louis, Michel PRADEL né le 29 Septembre 1891 à St
ANTHEME dans le Puy-de-Dôme, décède à Agadir Maroc le 24 octobre 1954.
Cet homme mobilisé en France du 6 juillet 1911 à 1914. Engagé volontaire pour la guerre de 14-18, fut blessé le 25 aoüt 1914, et fait prisonnier le même jour à Sarrebruck, il put s’évader le 2 juillet 1916 et rejoindre la frontière Suisse où il fut soigné de la tuberculose. Pierre Edouard arrive à St Etienne, retrouve sa mère Marie DUBOIS, son père le gendarme PRADEL Durand décédé après un internement en hôpital psychiatrique. Cet homme était buveur et violent, enfant Pierre Edouard avait été confié à sa tante, soeur de sa maman pour le protéger et l’élever. IL apprend la mort de Jeanne sa Soeur, mariée à un artiste peintre.
A ce moment, n’ayant plus le droit de retourner au front, d’après les
conventions de Genève. Il lui fut donné le choix de rejoindre le Liban où le
Maroc. Le choix ce fut le Maroc, Edouard PRADEL quitte la France en
1917, avec Jeanne TAILLANDIER née à Clermont-Ferrand le 16 Octobre
1895, pour rejoindre une équipe médicale, au titre de Sergent gestionnaire de
l’hôpital militaire de MARRAKECH.
Le couple, marié le 5 septembre 1917 à Clermont-Ferrand s’était connu à ST
Germain-Laval pendant les études de préparateur en pharmacie de Pierre
Edouard, Jeanne venait à St Germain-Laval voir Blanche une amie, toutes
deux amoureuses du beau préparateur. Ils s’ installent, donc, à
MARRAKECH où naît leur premier enfant René en octobre 1917.
En 1918, la famille d’Edouard PRADEL arrive à Mogador « Essaouira,
aujourd’hui », après une nouvelle affectation aux ambulances « TOMMY ».
Dans cette ville Yvonne naît en novembre 1918, cette petite fille malade
oblige sa mère Jeanne à regagner Clermont Ferrand pour l’y faire soigner et
ne se sachant pas future maman, Simone y naît en décembre 1919, la seule
des six enfants PRADEL née en France.

L’année 1920, voit tout ce petit monde arriver à Agadir. Pierre Edouard
PRADEL, pour une autre mission au titre d’Officier de Santé et préparateur
en pharmacie, il dirigea l’infirmerie ambulante du service de Santé Maritime
commandée par le Docteur IGUARE. Toute la famille habitera la Kasbah
d’Agadir où naissent alors Paulette en mars 1921, puis Magdeleine en juin
1922.
Dans l’année 1921, vivant seule en France, la mère d’Edouard, Marie Dubois
veuve, née en 1869, arrive à Agadir, elle y meurt en 1922. Marie reposera au
cimetière de la Kasbah puis dans celui de Yachech.
Loin de leur fille, c’est en 1923 que Charles Taillandier né le 7 Février 1866 et
Marie Muron son épouse née le 21 Octobre 1876, leur fils Georges né le 26
juillet 1905, quitteront définitivement la France pour retrouver la famille de
Jeanne et de Pierre Edouard PRADEL à AGADIR..
La dernière enfant Pradel, Jacqueline, y naît en 1925.
Habitant de nombreuses années à « AGADIR OUFELA », AGADIR d’en
HAUT, La KASBAH, scolarisés les enfants Pradel descendaient à pied de
la montagne pour se rendre, sur le front de mer, à l’école rejoindre leur
instituteur Mr SOUARD. Sur cette bande de terre face à l’océan, que nous
situons maintenant entre le port et l’ancien bâtiment des travaux publics,
était « AGADIR FAR WEST ».
Dans les années 1930, le cinéma muet BOISSEUIL, en plein air, animé par
une pianiste, Mme Ami JOLY, projetait des films que nos oncles et tantes
regardaient avec ravissement. Les enfants Pradel se baignaient, ramassaient
des fruits de mer et pêchaient à l’endroit où actuellement est construit le
port d’Agadir. Sur le contrefort de la Kasbah il n’y avait que FOUNTY,
l’armée occupait le Camp Alibert et le Camp Haïda.
Le Marabout, la tombe de Sidi Bou knadel, était là bien avant l’arrivée des
Portuguais qui construirent le fort.
« Père PRADEL » ainsi affectueusement nommé par les européens ,
« Toubib » ou « Bou L’afia », au nom du feu, nar, qui éveille l’idée de l’enfer,
on substitue celui de afia, (afia, la paix), car il faisait brûler tout ce qui
pouvait contaminer l’homme. Les Marocains le connaissaient et le vénéraient.
Adjoint spécialiste de Santé pour les maladies épidémiques, notre grand père
se dépensa sans compter en de nombreuses missions. Pierre Edouard Pradel
pour faire son travail d’infirmier dans le bled, participant à la lutte contre les
épidémies de peste, de typhus, récurrente mondiale et variole pendant les
années 1929 et 1930, utilisait un side-car et une ancienne ambulance de
l’armée la « barentole », elle était rafistolée de tous les côtés et ressemblait
à une voiture à la Dubout. Malgré la pénurie de véhicules, d’essence et de
pneus et grâce à sa volonté opiniâtre il réussit à conjurer les épidémies qui
ravagèrent le pays en 1939 et 1940. Durant plusieurs mois, se déplaçant dans
les douars les plus éloignés, il vécut au milieu de foyers de contagion des plus meurtriers. Vaccinant sans arrêt les Marocains pour les préserver de ces
grands fléaux, il ne fut jamais oublié, il suffisait de voir les marques
d’affection qu’ils lui prodiguaient lorsque le « Toubib » rencontrait par
hasard, femmes, enfants et vieux Marocains de la montagne ou des tribus
de la vallée.

Durant ses séjours dans le bled, il était ravitaillé par un vieux camarade, Mr
Rocca ancien Gadiri aussi.
Dans l’année 1932 avec une C6, Edouard, Jeanne et les 5 filles partirent pour
la France rejoindre René élève à l’école de mécanicien de Roanne. Toute la
famille habitait une maison louée à ST Germain Laval, Ils y restèrent les trois
mois de vacances scolaires. Ayant traversé l’Espagne en début de guerre
civile, ils ne purent retourner au Maroc qu’en prenant le bateau depuis Port
Vendre pour débarquer à Tanger.
Les Aït Pradel quittèrent la Kasbah d’Agadir vers les années 1930 pour être
loger au square BRIANT au triangle de Tildi, actuel terrain de camping
d’Agadir. C’est aussi à pied qu’ils se rendaient à l’école où Madame
TORCATISSE était leur institutrice.
Nombreux petits enfants du « Père Pradel » nommé ainsi par ses amis,
naîtront au square BRIANT. Ceux de 1948 verront le jour à la « Villa
Janine » rue de Stockholm, en ville nouvelle. Les plus jeunes à l’hôpital
d’Agadir. D’autres en France.
Notre Grand père Pierre Edouard Louis Michel PRADEL s’est éteint le 24
octobre 1954, après une longue et douloureuse maladie, cette triste nouvelle
a plongé la population toute entière, Française et Marocaine d’Agadir et de
la région, dans la peine. Après lui avoir rendu un brillant hommage en
énumérant les nombreux titres qui lui avaient valu l’estime de ses amis et de
ses concitoyens il fut accompagné par une foule innombrable de toutes
confessions au cimetière de Yachech où il repose en paix pour toujours.
Notre grand-père aussi avait un grand-père, et le grand-père du grand-père
racontait les histoires de son propre grand-père. Ce petit monde suffit à
faire l’histoire de notre famille, en unissant Pradel-Taillandier pour toujours.
Pierre Edouard Louis Michel PRADEL n’aurait pas voulu pour lui d’un
Panthéon à sa gloire. Il se considérait comme un humble passeur, et les
histoires qu’il racontait, avec ce sens fabuleux de la digression (qui s’écarte
du sujet) , de l'ellipse et de la parabole, illustre une vision de la mémoire de
l’homme en société.
En y réfléchissant bien, et pas tant que ça d’ailleurs, la mémoire est une
curieuse chose que les générations se transmettent lorsqu’elles le désirent
vraiment. La mémoire, c’est comme la terre, c’est comme les hommes, ça
brûle à l’intérieur. Surtout qu’un feu, ça s’alimente. Ce foisonnement cette
complexité du réel, Papy savait les rendre dans son propre discours, pour
cette enfance qui frappe à la porte. Derrière ses récits, la voix de ce sacré
bonhomme, oui, on l’entend encore, par crainte que ses arrière-petits-enfants
ne l’entendent pas, bien sur, et pour cause ce silence sur le non dit depuis
longtemps… Mais qui peut croire au mensonge gratuit ?
Cela suffit à réveiller les mémoires enfouies. Les secrets tus, même aux
proches. Et si, justement, le rôle de ces proches n’était pas, par leur
ignorance, d’apaiser le souvenir de ce passé.
Nous sommes sur la ligne de faille avec en permanence un risque de séisme…
Le 29 février 1960 le tremblement de terre qui a détruit la ville d’Agadir a
aussi décimé toute la famille Pradel, beaucoup quitteront leur ville de
naissance, déracinés à jamais, avec des regrets plein le coeur, peu resteront y
vivre plusieurs années encore… D’autres mettront 42 ans pour revoir ce
nouvel Agadir et auront des difficultés à situer géographiquement ces
transplantations de quartiers ayant conservé les mêmes noms qu’autrefois.
Très peu n’y sont jamais retournés.
Les enfants encore vivants, de Pierre Edouard PRADEL et Jeanne
Taillandier, leurs conjoints et enfants, dispersés à travers la normandie, le
sud-ouest de la France et la Tunisie, ne se sont que très rarement retrouvés
ou rencontrés depuis de nombreuses années …
Ainsi un retour sur la terre que nos Aïeux ont osé quitter au début du 20
ème siècle, n’a jamais permis aux Aït PRADEL de se rassembler dans l’Esprit
de Famille que les Parents leur avaient inculqué, en souvenir des fêtes de
fin d’année à la « Villa Janine » où au « Central Garage » chez Tonton et
Tata Geo ( Taillandier ), les méchouis d’Inezgane (chez Mado et Stéph), les
journées de plage à Anza et les retours de la chasse au sangliers (chez Malou
et René), les campings à Taghazout et au Massa, la journée à la neige au Tizi
N’Test, les soirées à Dcheira (chez Odette et Mickey), aux Ouled Taïma le
Km 44 (chez les Maltot), mais surtout à l’embouchure de l’oued Souss et
chez Si Ali où Papi Pradel était entouré de sa Famille et de ses Amis, ces
instants là ne peuvent pas s’effacer de notre mémoire de petite enfance.
Doit-on avoir recourt à une recherche pour comprendre les difficultés
relationnelles, les échecs, les conflits familiaux actuels qui nous assaillent en
analysant le vécu de nos ancêtres. Il existe dans chaque famille des secrets,
des tabous, des drames, qui se répètent de génération en génération.
Doit-on parler d’un inconscient familial qui influencerait notre existence
sans que nous le sachions.
Doit-on mener une enquête pour reconstituer le passé et comprendre le sens
de ce qui nous arrive.
Doit-on faire des regroupements de dates, chercher à révéler les secrets
enfouis, établir des liens entre des événements qui ne sont pas des
coïncidences mais des répétitions. Mais non qui vivra verra, qui lira saura et
qui trouvera sera libéré.


D’ éphémères rencontres se sont réalisées récemment, réunissant un très
petit nombre des cousins, cousines, frères et soeurs, sur les 21 petits enfants
de Pierre Edouard et Jeanne nos Grands-Parents. Tout d’abord un voyage,
( 4 cousins en 2002 ) sur les lieux même de notre enfance à Agadir puis sur le
bord de la méditerranée ( 6 cousins en 2003 ) et dernièrement dans un
charmant petit Village des Pyrénées ( 6 cousins en 2004 ). Ce fut jusqu’à
présent la dernière des tentatives très agréablement réussie dans un cadre
merveilleux de montagnes.

Une autre rencontre va se réaliser sur le bord de la méditerranée avant l’été
2007. Mais qui sera du voyage, qui fera l’effort de se déplacer encore un peu
plus, qui osera faire un pas vers l’autre oubliant un instant sa différence.
Ce 21 ème siècle marquera t-il la zone de non retour pour d’ultimes réunions
familiales que nous avaient inculqué, au milieu du siècle dernier, nos Aïeux.
Oui, pour nos Parents devenus bien vieux, tous ont entre 90 et 100 ans.
Mais l’aîné des petits enfants est née en 1941, nous sommes 19, nous avons
des enfants de 40 ans qui ont des enfants eux aussi. Hélas nous avons vécu
séparés des dizaines d’années, ce serait utopique de croire que facilement
nous nous retrouverons un jour tous réunis sans un geste simple et naturel
de l’autre. Il faudrait simplement en avoir envie.
René Pradel, le dimanche 29 avril 2007 à Pau (1917-2009), le fils aîné des
enfants d’Edouard Pradel et de Jeanne Taillandier, décède dans sa quatre
vingt dixième année, marié à Louise COUDOUR décédée. Père de Michelle,
Josette décédée en décembre 1976, Simone, Georges, François et Pierre
Edouard.
Les cinq filles de Jeanne Taillandier et Edouard PRADEL toujours de ce
monde. Yvonne (1918) et Magdeleine (1922) sont en mauvaise santé suite à un AVC (alitées toutes les deux. Simone (1919) ne se lève plus de son lit. Seules Paulette (1921) et Jacqueline (1925) sont encore autonomes.
Cette année 2012 verra-t-elle un petit regroupement familial.

 

                                                                           Gérard ORGEOLLET-GROS

 

Pour voir l'album photos de la famille PRADEL cliquez sur ce mot       link

Partager cet article
Repost0

commentaires

F
quel beau commentaire, j'aurais vraiment aimé en savoir plus sur mes parents, Met MMe FAUVERQUE Pierre, tué dans un soi disant accident sur la route de Safi/Mogador en 1954 nous laissant maman ma soeur Annick de 7 ans et moi Catherine de 5 ans, dans un désarroi le plus total, je ne sais rien de tout cela que quelques paroles qui sont ressorties à la mort de maman, je suis née à Agadir en 1949, j'aime y retourner mais c'est vrai que plus beaucoup de gens se reconnaissent, un bijoutier MAD qui a bien connu maman, j'habitais quartier industriel , usine Amieux, nos amis les Stengel sont dcd eux aussi mais ne nous ont jamais rien dit, je me rappelle des mêmes plages et camping que vous, du km 44, de la piscine du restauarant d'innezganne, où nous avons fêté la veille du tremblement les fiancailles de Rogére dit Mimi STENGEL et de Claude ROCH, et j'en passe, j'ai retrouvé en 2012 ma maison au quartier et j'ai pu y entrer , que de souvenirs et de larmes, enfin je n'en finirais jamais de penser Agadir Ma Plage, Mon école Bosc . Amitiés, une Gadirie de coeurenfin Ma VILLE chérie
Répondre
J
Très beau commentaire émouvant.<br /> Un Gadiri dans l'âme amitiés Juanico Jean Marie.
Répondre