• UN NOMBRE DE 80 SITES LISTÉS
• IL S’AGIT DES ÉDIFICES DE LA PREMIÈRE ÉTAPE DE LA RECONSTRUCTION D’AGADIR, AINSI QUE CEUX QUI ONT ÉCHAPPÉ AU SÉISME DE 1960
• IL RESTE À PRÉPARER LES DOSSIERS DE CANDIDATURE POUR L’INSCRIPTION AU PATRIMOINE NATIONAL AVANT DE TENTER PAR LA SUITE UNE DÉMARCHE INTERNATIONALE.
La capitale du Souss a commémoré au cours de la semaine, le 61e anniversaire de sa reconstruction après le séisme du 29 février 1960. Cette date n’est pas sans rappeler pour les habitants qui ont vécu la terrible tragédie, ses circonstances et les pertes humaines qu’elle a causées. Cette commémoration consacre cependant aussi le challenge relevé de la reconstruction de la cité. Pour rappel, très vite après la catastrophe, la reconstruction de la ville fut initiée, sous l’impulsion de feu Mohammed V et la direction de feu Hassan II. De grandes signatures internationales, tels Zevaco, Ben Embarek, Ecochard, Azagury, Rioux, Faraoui, De Mazières, ont contribué à la renaissance de la ville. Agadir fut ainsi conçue selon un urbanisme fonctionnaliste, sous l’influence du mouvement architectural moderne. Le résultat est aujourd’hui une œuvre en la matière d’une grande valeur. Ce patrimoine reste cependant encore à protéger pour éviter les défigurations, dont ont fait l’objet des édifices construits à l’époque du Haut-Commissariat à la reconstruction d’Agadir (HCR), mis en place immédiatement après le tremblement de terre.
En 2009, c’était la poste principale de la ville, une œuvre de l’architecte François Zevaco, qui était en travaux de réaménagements. En 2018, c’était le bâtiment de la Municipalité qui a subi des changements. Cette année, depuis plus d’un mois, c’est le tribunal administratif et ancienne Cour d’appel, connu aussi pour avoir à ses débuts abrité le Tribunal du Sadad, qui fait l’objet d’aménagements mettant en péril l’authenticité de son style architectural. A chaque fois la société civile monte au créneau pour la sauvegarde du patrimoine architectural de la ville.
Ces atteintes montrent bien combien il est urgent de l’avis de représentants du Forum Izorane N’Agadir, qui réunit des Gadiris rescapés du séisme, d’activer le processus de préservation de ce patrimoine. Selon Naima Fathaoui, vice-présidente au Conseil communal d’Agadir, ce dossier est en bonne voie. L’étape du recensement des édifices concernés a été franchie, assure-t-elle. Dans cette démarche, 80 sites sont listés. Ils sont répartis en deux catégories. Il s’agit des édifices de la première étape de la reconstruction d’Agadir, ainsi que ceux qui ont échappé au séisme. Avant de décrocher la reconnaissance en tant que patrimoine national et par la suite la reconnaissance comme patrimoine de l’humanité, il est question de préparer aujourd’hui des dossiers détaillés et complets pour chaque édifice. Le siège de la municipalité, la poste, la caserne des pompiers et l’immeuble ‘‘A’’ devraient être les premiers à faire l’objet de cette procédure de demande de reconnaissance nationale, indique l’élue communale.
Ce patrimoine qui présente un intérêt architectural et culturel exceptionnel mérite indéniablement cette reconnaissance. C’est au centre-ville que se trouvent la plupart des premiers bâtiments de la reconstruction d’Agadir, réalisés entre 1963 et 1970. dont l’Immeuble A, la poste principale, le marché municipal. Sur l’avenue Moulay Abdallah, le mur du Souvenir est une véritable anthologie du mouvement moderne.
Rappelons que dans ce programme de reconstruction de la ville on identifie chronologiquement trois grandes étapes. La première s’étend de 1960 à 1972 et le HCRA fut son principal acteur. Les principaux quartiers bâtis durant ces années sont le centre-ville, la zone touristique, la Cité suisse, le nouveau Talborjt et les abattoirs. Les quartiers des Amicales, Yhchach et Ennahda ont été aménagés entre 1972 et 1982, à travers l’intervention de la délégation du ministère de l’habitat et de la municipalité de la ville. Les centres périphériques d’Agadir se développèrent dès 1982 sous la houlette de l’Erac-Sud.
Aujourd’hui, dans le cadre du programme de développement urbain de la ville, la réhabilitation de certains édifices est un grand pas dans la valorisation et la préservation de ce patrimoine. Rappelons que l’ancien siège de Bank Al-Maghrib est en passe d’être transformé en musée de la reconstruction et de la Mémoire d’Agadir. Le cinéma Sahara implanté dans le quartier Talborjt fait l’objet également d’une opération de réhabilitation en lieu de culture. Il y a aussi la Coupole d’Agadir dotée d’une architecture particulière en béton brut de décoffrage, qui sera reconvertie en centre culturel et gastronomique. Les anciennes places et les premiers jardins de la ville sont aussi en passe d’être valorisés. Pour le prochain anniversaire de la ville, le meilleur cadeau à lui présenter serait celui enfin de la reconnaissance en tant que patrimoine national de tous ces édifices recensés.
(https://www.lavieeco.com/culture/culture-le-patrimoine-architectural-dagadir-encore-a-proteger/)
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