• SOIXANTE ANS APRÈS LE TREMBLEMENT DE TERRE D’AGADIR, UNE NOUVELLE VIE S’OFFRE À CE SITE EMBLÉMATIQUE DE LA VILLE À TRAVERS SA RÉHABILITATION.
• UN BUDGET DE 120 MDH EST ALLOUÉ AU PROJET QUI S’APPUIE SUR UNE DÉMARCHE DE RESTITUTION ET RECONSTRUCTION À L’IDENTIQUE AVANT 1960.
Les habitants de la capitale du Souss nés après le séisme de 1960 ne connaissent, depuis toujours, de la Kasbah Oufella, que ses remparts maintes fois restaurés. Derrière cette imposante muraille, pendant 60 ans, que des remblais à perte de vue à contempler. Difficile d’imaginer ce qu’était la vie par le passé de ce site symbolique de la ville d’Agadir, vestige d’une autre époque de l’histoire de la cité. Aujourd’hui, grâce aux travaux et fouilles archéologiques opérés par une équipe marocaine et espagnole, pendant plusieurs semaines, l’entrée principale de la Kasbah a été déblayée et son gigantesque portail retrouvé, après 60 ans cachés dans les décombres. Incroyable mais vrai, la porte en bois a été déterrée dans l’état où elle était lors du séisme. Les ruelles d’antan de la citadelle, la salle de prière de sa mosquée et son mihrab ont aussi ressurgi du passé grâce aux travaux des experts. Sur le site, ces vestiges racontent déjà l’histoire de cette forteresse. Dans cette démarche de mise en patrimoine d’Agadir, des documents d’archives et les informations recueillies auprès des survivants, ainsi qu’un relevé détaillé des murs des fondations et des soubassements existants a permis d’identifier ses matériaux et ses spécificités architecturales.
Selon les informations recueillies auprès de la Société de développement régional du tourisme Souss Massa (SDR), maître d’ouvrage délégué du projet, les travaux de la première phase de ce projet de réhabilitation sont bien engagés. Sur le site, tous les jours, des équipes de maâlems et d’ouvriers s’attellent à participer à cet immense chantier. Pour le moment, la restauration de la muraille Est est en cours de réalisation. Dans cette phase, la restauration de la muraille Sud est aussi au programme. Les façades tournées vers la ville et la mer sont ainsi les premières concernées par ces travaux de restauration. Le tout avec beaucoup d’attention au bâti archéologique. Après la restauration des remparts, viendra par la suite, à l’intérieur de la forteresse, l’installation d’un platelage en bois, pour éviter que les visiteurs foulent les sépultures, par respect aux défunts. Il sera équipé d’une signalétique avec photos d’archives et explications. L’appel d’offres, concernant ce volet du chantier, a été lancé. L’ouverture des plis est prévue ce 30 décembre 2020, précise Abdelkrim Azenfar, DG de la SDR tourisme Souss Massa. Dans un devoir de mémoire, comme le souligne le professeur Mohamed Bajalat, président de l’Association Izorane N’Agadir, le platelage devrait reprendre le dessin des ruelles et du tissu disparu. Aussi, les plans d’exécution ont été établis de manière à proposer aux visiteurs de regarder les fouilles ou le chantier de reconstruction. L’association au chantier de l’université Ibn Zohr d’Agadir permettra, par le biais de ses étudiants, de trouver là des possibilités de médiation culturelle, voire un vivier de guides ou d’animateurs de ces lieux réanimés.
Pour rappel, ce chantier d’envergure s’inscrit dans le programme de développement urbain de la ville. Le projet, pour lequel un budget de 120 millions de DH est alloué, a fait l’objet d’une convention spécifique en mars dernier. Le financement est assuré par plusieurs départements et institutions. Il s’agit du ministère de l’intérieur et du ministère de la culture, qui contribuent à l’opération à hauteur de 20 millions de DH chacun. Le Conseil régional du Souss Massa et la société Al Omrane Souss Massa participent pour leur part au projet à hauteur respectivement de 30 et 50 millions de DH. Dans sa conception, ce projet intègre l’importance du paysage et de la nature. Toutes les dimensions de desserte, de services et de sécurité sont prises en compte pour répondre aux besoins de la gestion future du site. A ce stade du chantier, les travaux de terrassement pour l’aménagement du mur de soutènement de cette structure sont en cours de réalisation. Pour bien s’intégrer dans l’environnement, la plateforme de services sera construite dans la pierre locale de la falaise, explique une source en charge du dossier.
Pour rappel, le fort qui a survécu à deux tremblements de terre, en 1755 puis en 1960, est la mémoire de la station balnéaire et un facteur d’identité pour ses habitants. Des éléments qui justifient et expliquent pleinement la démarche plurielle et participative qui a été retenue pour la gestion de ce projet de réhabilitation qui pose un certain nombre d’enjeux. Aujourd’hui, le challenge des travaux au programme est de restituer les remparts à travers une reconstruction physique et intellectuelle de l’objet architectural endommagé, de manière à en redonner une nouvelle image aussi exacte que possible. Il faut souligner qu’autour de ce projet, contribuent depuis plus de trois ans, en synergie et dans une démarche participative, des historiens, des rescapés du tremblement de terre, la société civile et le ministère de la culture. L’objectif est de faire des remparts de cette forteresse une sorte de lieu de mémoire et un parcours historique pour raconter le passé riche mais peu connu de la ville: les échanges avec le Portugal, les Iles Canaries et le débouché du commerce transsaharien.
(https://www.lavieeco.com/economie/sur-les-traces-du-passe-de-la-kasbah-dagadir-oufella/)
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