Parmi les précieuses richesses de notre terroir, le sel est une ressource dont nous entendons peu parler, mais qui, plusieurs siècles auparavant, possédait une valeur quasiment aussi précieuse que l’or… Nous vous emmenons aujourd’hui en altitude, non loin d’Agadir, à la découverte de salines encore en activité et dont le blanc immaculé contraste de façon éblouissante avec les sommets ocre du Haut Atlas. De Tisrarine à Dkhila, les salines du Haut Atlas conjugueront pour vous la beauté de leurs bassins en terrasses et de leurs cristaux de sel neigeux, la particularité de propriétés gustatives salées-sucrées et une histoire séculaire rattachée à ce sel de montagne. Pour accéder à la visite de ces deux sites, Simone Benhassi, notre consultante en tourisme vous présente les itinéraires minutieusement cartographiés de Barbara et Andreas Conrad, deux passionnés du patrimoine amazigh de notre région. www.marokko-erfahren.de
Il y a plus de 200 millions d’années, l’océan primitif asséché laissa une couche de sel pur en profondeur
L’histoire de la route du sel s’écrivait bien au-delà de nos frontières. En 1875, le botaniste allemand Matthias Jacob Schleiden racontait ainsi dans son livre « Salz » (le sel) : « Les caravanes ou « Kasilas » venant du Maroc sont composées généralement de 1000 à 2000 chameaux et jusqu’à 150 hommes. Souvent, plusieurs « Kasilas » s’unissent et forment ensuite un « Akabar ». Sur leur route vers le sud, ils chargent du sel pur dans des salines et mines, généralement contre paiement et taxes d’exportation aux propriétaires pour l’amener à Tombouctou, où le sel est devenu l’un des plus importants articles de troc avec l’or, tout au long du Niger, et même reconnu comme valeur sûre dans de nombreuses régions de l’Afrique de l’Ouest… »
Matthias Jacob Schleiden nous apprend en outre que l’historien grec Hérodote avait révélé, 500 ans avant notre ère, qu’il existait des gisements de sel en Afrique du Nord. D’ouest en est, le sel était un véritable objet commercial et l’arrivée d’une telle caravane dans des pays fertiles, mais pauvres en sel, provoquait une véritable effervescence. Signe que l’importance vitale du sel était connue depuis l’antiquité.
Les gisements de sel extraits, encore aujourd’hui, de manière traditionnelle dans nos montagnes, sont apparus à la suite de mouvements des plaques tectoniques et d’un changement climatique. Il y a plus de 200 millions d’années, en effet, l’océan primitif asséché laissa une couche de sel pur en profondeur, préservée des effets de l’environnement. Par la suite, l’infiltration d’eaux souterraines a entraîné la formation de saumures et de sources salées émergeantes qui, à la surface de la terre, laisse des traces blanches après évaporation.
Pour amener l’eau jusqu’aux bassins depuis ces profondes vallées souvent d’accès difficile, des tuyaux d’eau et parfois une pompe sont utilisés, notamment pour éviter une évaporation prématurée. Des bassins de filtrage disposés en amont assurent le nettoyage de l’eau des résidus de sable et de boue. L’eau fortement salée et ainsi purifiée est dirigée vers des bassins situés plus bas. Au fur et à mesure que l’évaporation avance, des cristaux de sel se forment, qui, à l’aide de grosses spatules en bois sont régulièrement aérés jusqu’à l’état de gros sel, qu’on récolte ensuite dans des paniers. L’eau qui ne s’est pas complètement évaporée s’écoule durant le transport. Ce processus de séchage est finalisé par le soleil, en attendant que le sel soit mis dans de grands sacs pour la vente sur les marchés locaux ou pour le traitement industriel.
À mi-chemin entre Agadir et Essaouira se trouve le Douar Tisgharin (Tisrarine). À proximité, une grande exploitation de sel se dissimule dans les contreforts du Haut Atlas. Pour la visiter, prenez la Route Nationale 1 au départ d‘Agadir, en direction d’Essaouira. Vous trouverez la saline de Tisrarine après environ 130km de route, à l’ouest de la route. Une autre saline plus petite s’aperçoit à l’est de la route.
Située dans un territoire idyllique, tout près du village et du barrage du même nom, la saline de Dkhila est accessible en prenant la route P1708 d’Ameskroud en direction de Taroudant. À Inkenderte, prendre la P1705 à gauche vers les montagnes et continuer jusqu’au barrage de Dkhila. Quelques mètres à pied suffisent pour rejoindre les bassins de la saline. Pour couronner la journée, il vous sera possible d’emporter un sachet de sel qui, en cuisinant à la maison, vous rappellera de bons souvenirs.
Les salines se travaillent et se visitent entre avril et septembre, lorsque l’ensoleillement est assez intense pour garantir une évaporation rapide de l’eau.
(http://agadirpremiere.ma/a-la-decouverte-des-salines-du-haut-atlas/)
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